Paraboot

Les ateliers Richard-Ponvert

Tout commence à Izeaux à la fin du 19eme siècle, petit village aux pieds des Alpes. Rémy-Alexis Richard, né en 1878, dans une famille de modestes paysans, devient ouvrier-coupeur chez Chevron, l’un des 20 ateliers de chaussures, du village isérois. En 1910 il monte à Paris pour développer son activité et fait la rencontre de Juliette Pontvert, fille d’un riche notaire de la Sarthe, qui l’épouse. Ils créent ensemble la société Richard-Pontvert : le marié apporte son savoir-faire, ses dessins et son matériel ; la mariée, l’argent de sa dot en capital. Rémy lance la marque « Chaussures Extra » et une collection de fines chaussures haut de gamme.

Renvoyé du front où il a été blessé, il est chargé de réparer les chaussures, les harnais et autres matériels de l’armée. A l’issue du conflit, il reprend son activité avec un certain succès. Il loue puis achète un local-dépôt à coté des Halles de Paris, pour être plus proche de ses clients, grands magasins, et aussi petites boutiques que fréquentent les bouchers, poissonniers et primeurs des Halles.

En 1926, sans parler un mot d’anglais, il prend le bateau pour les Etats-Unis. Attentif aux innovations, il découvre, aux pieds des américains, les « boots » en caoutchouc, et surtout les vertus de cette matière, toute nouvelle, indifféremment appelée latex, hévéa ou gomme. C'est pour lui une révélation. Il rapporte donc cette matière, et un savoir faire à Tullins Fures, petite ville proche d’Izeaux, où il vient d’acheter un nouveau bâtiment d’usine.

Le caoutchouc, « l’ADN » de la marque Paraboot

Commence alors la fabrication de bottes et de boots garanties imperméables avec des « feuilles » de latex posées à la main, sur des embauchoirs en bois et vulcanisées dans des étuves.

Puis l’idée lui vient d’utiliser ce caoutchouc pour remplacer les semelles de bois si peu chères, mais si peu confortables, et qui s’usent si rapidement. 
Manque la technique ; pour ce qu’il connaît, les dessus en cuir des chaussures (tiges) sont soit cloués aux semelles de bois, soit cousus aux semelles de cuir. Impossible avec des semelles en caoutchouc.

Il met donc au point un système de fine semelle de gomme, qui peut être cousue à la tige et ensuite collée avec du latex liquide sur une semelle en gomme plus épaisse.
Reste le problème de la vulcanisation ; une vieille presse à huile de noix permettra de cuire, donc vulcaniser, ces semelles dans des moules en acier, selon le principe d’un gaufrier.Désormais les chaussures de travail sont toutes dotées de semelles en caoutchouc, signe distinctif de la production des ateliers Richard-Pontvert. 

Rémy Richard dépose le nom Paraboot en 1927, assemblage de « Para », un port d’Amazonie, d’où est exporté le latex, et « boot », la curieuse chaussure, qu’il a découvert aux Etats-Unis.

Le cousu à tout prix

Julien, le fils de Rémy Richard, entre dans la société en 1937. Il a 20 ans, la guerre, puis l’occupation mettent évidemment la production au ralenti faute de matières premières. 

La guerre a conduit la chimie à se développer. Les matières synthétiques apparaissent mais aussi les colles qui vont bouleverser les modes d‘assemblage. De nouvelles usines de chaussures se créent, qui adoptent tout de suite les semelles en plastique, simplement collées à des tiges plus légères, fabrication plus simple, avec des ouvriers moins qualifiés. Ces chaussures « jetables » et moins chères, conviennent mieux à une clientèle, qui veut consommer après avoir tant manqué.

Plus passionné de nature, de chasse de pèche que par la ville et ses mondanités, Julien Richard recentre la fabrication sur les chaussures à semelles imposantes et cuir épais. Toujours cousues « goodyear » ou « norvégien », elles sont destinées aux professionnels qui travaillent debout: agriculteurs, maquignons, bûcherons, bergers, postiers, ouvriers, artisans, qui doivent pouvoir compter sur des chaussures robustes mais confortables.

Parallèlement aux brodequins techniques il crée quelques modèles plus « légers » pour les architectes, géomètres ou autres vétérinaires. C’est ainsi que le modèle « Morzine » voit le jour. En 1945 c’est le tour de « la » légendaire « Michaël ».

Des chaussures de l’extrême

En 1970, Gil Delamare et Colette Duval, les fiancés du ciel, sont à l’origine des modèles spéciaux pour l’équipe de France de parachutisme, championne du monde. Puis il y aura Paul-Emile Victor et ses bottes spéciales Terre Adélie en 1971, Haroun Tazieff pour étudier les volcans… C’est à André Turcat, pilote du Concorde et de l’Airbus, que l’on doit un modèle qui équipe toujours les pilotes des Mirage. Les mondes de la moto, de l’équitation, du ski de randonnée ne sont pas en reste. L’entreprise Richard-Pontvert fabrique toutes sortes de chaussures techniques et crée même l’usine de patins à glace Alviera, en 1972. 

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